Que faire si un·e proche est emprisonné·e ?

On est rarement préparé.e à l’incarcération d’un.e proche, et on est parfois un peu perdu.e devant le nombre d’informations. De plus, le langage juridique est souvent très technique, et c’est difficile de savoir, concrètement, ce que ça veut dire.

Voici quelques informations pratiques qui peuvent être utiles aux proches de personnes détenu.es. Pour un traitement plus détaillé du sujet, vous pouvez consulter le Guide à l’usage des proches de personnes incarcérées (« Réalisé par des proches de détenus, ce guide donne des pistes concrètes pour répondre aux problèmes juridiques, sociaux et pratiques posés par l’incarcération d’une personne proche. » – Quelques détails ne sont plus à jour, mais il est quand même très bien).

Avoir un proche incarcéré est éprouvant tant émotionnellement que physiquement (ex : voyages pour les visites) et aussi financièrement. Dans la mesure du possible, ne restez pas seul·e face à cette situation : être plusieurs à se partager les tâches et à se soutenir est une bonne manière d’être efficace et de pouvoir tenir sur la durée.

Gérer l’urgence des premiers jours :

(Informations reprises du site de la RAJcollective)

Nom et numéro d’écrou

Avant toute chose vous avez besoin du nom et du numéro d’écrou de votre proche, si vous ne le connaissez pas vous pouvez vous renseigner auprès du service social de la prison (le SPIP, Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation « milieu fermé »).

Si vous n’êtes pas sûr·e de savoir dans quelle prison il/elle a été envoyé·e il faudra appeler les SPIP des différentes prisons de la juridiction, en vous présentant comme proche et demandant son n° d’écrou.

Parfois le Conseiller Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (= CPIP ou CIP) l’a déjà rencontré·e et pourra vous donner des nouvelles.

Soyez malin si vous pensez que votre proche est susceptible de ne pas avoir révélé sa véritable identité, il ne s’agit pas de le dénoncer…

Apporter un sac

C’est important d’apporter un sac de vêtements au plus vite. D’abord, votre proche en a besoin et il/elle saura que vous le soutenez. De plus, au-delà d’un certain délai ce n’est parfois plus possible sauf à avoir un permis de visite. Il faut mettre les habits dans un sac cabas type supermarché (dans certaines prisons, il faut un sac fermé par une fermeture éclair) avec le nécessaire pour plusieurs jours, et bien faire les poches des vêtements que vous apportez : un briquet ou un billet oublié dans une poche pourrait vous valoir des ennuis par la suite, ainsi qu’à votre proche.

Il faut se renseigner auprès de la prison pour connaître les restrictions particulières qui varient dans chaque prison au bon vouloir de la direction : quantité, couleurs refusées – souvent noir, camouflage et bleu marine – capuche, gants en cuirs, taille des serviettes de bain, procédure spéciale pour « faire entrer » les chaussures ou les claquettes de douche par exemple, ou encore les lunettes et les livres.

Pensez aussi à demander à quelle heure vous pourrez déposer le sac à la porte. Inscrivez le nom et le n° d’écrou en gros au marqueur sur le cabas, et gardez à l’esprit que le sac sera fouillé. Vous aurez aussi besoin de vos papiers d’identité, comme dans tous vos rapport avec l’AP (administration pénitentiaire).

Envoyer de l’argent

En prison, tout est payant, et environ 30% plus cher qu’à l’extérieur. La nourriture fournie gratuitement « la gamelle », est très souvent mauvaise et ne suffit pas. Les prisonnier·e·s doivent « cantiner » (= passer des commande via un service interne à la prison) pour tout : nourriture, produits d’hygiène (l’administration rationne le PQ), tabac, poste radio, location et abonnement TV. Il est généralement admis qu’un prisonnier a besoin d’environ 200 euros par mois.

Parce qu’il y a un jour précis pour les commandes et un certain délai avant réception, il est nécessaire d’aller très vite pour envoyer de l’argent à votre proche sinon ça repousse d’autant le moment où il pourra disposer du nécessaire.

On utilise encore souvent l’expression « envoyer un mandat » mais depuis janvier 2018, cela fonctionne par virement bancaire. Il faut demander le RIB/IBAN à l’administration de la prison où votre proche est incarcéré et bien spécifier son numéro d’écrou, son nom et prénom (sinon ça n’arrive pas!) dans la case « observation » de votre formulaire ou interface de virement. En principe, toute personne peut envoyer de l’argent, mais cela peut être soumis à restriction, de la part du juge si une enquête est toujours en cours, ou de la part de l’AP si votre proche fait l’objet d’une sanction disciplinaire.

Courrier / Communications

À son arrivée, votre proche doit recevoir un « kit communication » (= papier, stylo, timbre, enveloppe). S’il/elle est prévenu·e (= pas encore jugé·e, procédure d’appel en cours), les courriers seront longs à arriver car ils doivent être contrôlés par le vaguemestre (le maton qui lit toutes les correspondances) et le juge chargé de l’affaire. Attention à ce que vous racontez dans vos lettres, ne dites rien qui pourrait lui nuire à lui/elle ou aux autres personnes impliquées. Pour ce qui concerne l’intime, gardez en tête que ce qu’on considère généralement comme la vie privée devient très relatif en détention.

Le téléphone : vous pouvez envoyer à votre proche une facture de téléphone (la ligne doit être à votre nom). Il/elle pourra demander à ce que vous soyez inscrit·e sur la liste des personnes qu’il peut appeler depuis la cabine de la prison. Encore une fois cela prend du temps et bien sûr le crédit de téléphone est très cher, surtout pour appeler sur un portable. Les horaires d’accès à la cabine et l’affluence ne facilitent pas les choses non plus.

Permis de visites

Demandez au plus vite un permis de visite, soit auprès du juge pour une personne prévenue, soit auprès du directeur de la prison dans le cas d’une personne condamnée définitivement. Il existe maintenant un formulaire tout prêt : cliquer ici, à compléter et renvoyer, avec les pièces demandées.

À Marseille, il y a plus de pièces à joindre au formulaire, du moins lorsque les demandes de visite sont à faire au TGI. La demande doit se faire au TGI lorsque:

  • la personne est en détention provisoire
  • ou si on présente la demande de visite dans les 10 jours suivant la condamnation (ce qui correspond au délai d’appel).

Le formulaire peut se télécharger icidemande permis de visite

Les justificatifs à fournir sont:

  • 2 photos d’identité de moins de 3 mois;
  • une photocopie du livret de famille à la page vous concernant et à la page concernant la personne incarcérée pour la proche famille, ou tout autre document qui prouve votre lien familial avec la personne détenue;
  • une photocopie recto et verso d’une pièce d’identité en cours de validité;
  • une enveloppe affranchie au tarif en vigueur avec noms et adresse;
  • une photocopie du justificatif de domicile (facture EDF, gaz, quittance de loyer, etc. récentes);
  • une lettre de motivation manuscrite.

Si vous n’êtes pas de la famille, vous avez tout intérêt à expliquer à quel point vous pensez que votre soutien dans cette épreuve sera déterminant pour votre proche tant pendant son incarcération, qu’au moment de sa sortie, de sa réinsertion, etc… Sachez que vos antécédents judiciaires seront certainement examinés.

Il est important que plusieurs personnes fassent la demande afin que les visites ne reposent pas que sur une seule personne, surtout si votre proche est incarcéré·e loin. Vous pourrez ainsi vous relayer afin qu’il/elle soit visité·e régulièrement. Cela implique également de vous organiser entre vous, car le nombre de visites par semaine est limité, et il faudra vous les répartir.