Passage devant le tribunal

Les personnes interpellées lors des manifestations ces jours-ci sont majoritairement soit relâchées sans suite (youpi!), soit déferrées en comparution immédiate, nous allons donc nous attarder sur celle-ci.

Pour les autres issues possible d’une garde à vue, consultez la partie intitulée « Sortie de garde à vue » ci-dessous.

Pour ce qui est de se préparer à un procès ultérieur, il existe trop de possibilités pour les traiter ici. Vous pouvez contacter la legal team à legalteam-marseille@riseup.net.

La comparution immédiate

Si vous êtes déferré.e (amené.e devant le tribunal), cela devrait se passer dans les grandes lignes comme suit:

  1. Transfert du commissariat aux geôles du tribunal.
  2. Rencontre avec l’avocat.e.
    1. la/le votre si vous en avez déjà désigné un.e;
    2. sinon, un.e commis.e d’office aux comparutions immédiates (si vous aviez vu un.e commis.e d’office en garde à vue, ce ne sera pas la même personne).
  3. Présentation devant le/la procureur.e.
  4. Enquête sociale (à compléter)
  5. Présentation en salle d’audience du tribunal.

La première chose que la présidence du tribunal vous demandera est si vous acceptez la comparution immédiate ou pas. Vous avez le droit de la refuser! Les peines sont généralement plus lourdes en comparution immédiate, et il est souvent préférable de la refuser pour pouvoir préparer sa défense. Il est aussi possible qu’un report de l’audience soit demandé par le/la procureur.e, auquel cas on se retrouve dans le même cas de figure que si l’on avait refusé la comparution immédiate.

  1. Refus de la comparution immédiate Une fois la comparution immédiate refusée, les juges vont statuer uniquement sur quand aura lieu le procès, et sur les mesures auxquelles on sera soumis.e d’ici là: détention provisoire, contrôle judiciaire, ou rien du tout.
    Si on est placé.e en détention provisoire, on a 24h pour faire appel de la détention! Demandez à votre avocat.e de le faire!
    Pour ce qui est du contrôle judiciaire, il existe de nombreuses mesures possibles: interdiction de territoire, de communiquer avec certaines personnes, d’aller en manif, obligation de pointer tous les x jours dans un comico, etc.
  2. Déroulé sommaire de la comparution immédiate
    Si l’on accepte la comparution immédiate, l’audience se déroule grosso modo comme suit. La présidence du tribunal décrit les faits, pose des questions (les procs et avocat.es peuvent aussi le faire). On peut aussi faire des déclarations.
    Ensuite vient le tour de l’avocat.e des parties civiles, s’il y en a, puis le réquisitoire du ou de la proc, puis le plaidoyer de l’avocat.e. À la fin de l’audience, les juges doivent demander si on a quelque chose à ajouter.
    En général, les cas de quelques personnes sont examinés les uns après les autres, puis les juges se retirent pour délibérer. La salle est ensuite ré-ouverte pour l’énoncé des délibérés.

Pour des informations plus détaillées sur le déroulement d’un procès, consultez Face à la police, face à la justice:

  • De la garde à vue au procès (p65)
  • Le procès devant le tribunal correctionnel (p.95)
  • Le rendu du jugement, les différentes peines et leur application (p107)
  • L’appel (p135)

Sortie de garde à vue

 

Schéma tiré du Guide d’autodéfense juridique – Face à la justice, face la police », 2e édition, Cadecol, Syllepse, 2016 — à consulter en PDF ici: https://www.actujuridique.com/

(Partie reprise du site de la RAJcollective)

A l’issue de la garde à vue, plusieurs cas de figure se présentent pour affronter la justice — résumées dans le schéma reproduit ci-dessous.

  • Vous pouvez être libéré sans suites en sortant du commissariat, ou alors avec un « rappel à la loi » (RAL, variante du « classement sans suites »), décidé par le procureur mais que peuvent vous signifier les policiers en sortant du poste. Un RAL suppose une mention dans le fichier TAJ (traitement des antécédents judiciaires) pour une durée… indéterminée.
  • Libéré avec une convocation pour un procès ultérieur; vous aurez donc le temps de préparer votre défense. Vous pouvez aussi recevoir cette convocation plus tard, après votre libération à votre domicile.
  • Vous pouvez ensuite être « déferré », cad que vous passez entre les mains de la justice (le parquet, cad le procureur et ses substituts). A savoir : vous pouvez attendre au « dépot » du palais (sorte de prison temporaire…) pendant maximum 20h après la sortie du poste de police avant de voir un procureur. Au delà, impossible de vous garder, le proc devra vous libérer.
  • Le procureur peut alors décider de vous libérer (classement sans suites) ou de vous juger selon diverses alternatives au procès : « médiation » ou « transaction pénale », ou encore CRPC (« comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité »), sorte de « plaider-coupable » à la française. Ces procédures nécessitent que vous ayez reconnu les faits que l’on vous reproche, sinon vous devez être jugé devant une cour.
  • Vous pouvez être déferré en vue d’une Comparution immédiate. C’est une procédure expéditive, héritée des anciens « flags » (tribunal des flagrants délits), qui ne permet en aucun cas de préparer sa défense. De manière générale, il vaut mieux refuser la comparution, en demandant un délai pour préparer sa défense (le procès aura lieu dans le semaines qui suivent). Quel risque si on demande un délai? De préparer sa défense en prison, en « détention provisoire », si les juges pensent que vous n’assisterez pas à votre procès à venir.
  • Pour éviter la case prison, il faut présenter à la cour des « garanties de représentation » (papiers attestant d’un logement, travail, études…), papiers qu’un groupe de soutien peut récolter auprès des proches avant l’audience de comparution. Penser à préparer ces « garanties » à l’avance (en les confiant à des proches, ami-e-s ou colocs qui pourront les communiquer au plus vite à l’avocat.e ou au groupe de soutien).
  • Pour certaines personnes déjà condamnées (avec casier) ou à la situation sociale très fragile (sans domicile, sans papiers, exilés ou migrants), il est parfois préférable d’être jugé immédiatement pour éviter la détention. A voir avec l’avocat-e, avec le/laquellle vous pouvez vous entretenir quelques minutes avant l’audience…
  • A méditer : juger selon la situation sociale des personnes — et non selon les actes présumés — est la marque d’une justice de classe. Refuser ce jeu des garanties, ou des « questions de personnalité » que l’on vous posera lors du procès, relève de l’acte politique qui peut être mis au service d’une défense collective.
  • Enfin, pour des affaires que le procureur juge plus graves, il peut décider d’ouvrir une  « information judiciaire ». C’est à dire de confier l’enquête à un juge d’instruction (juge du siège, censé être plus indépendant qu’un juge du parquet, dont le procureur est encore nommé par le pouvoir politique). Le/la juge vous entendra et décidera — avec le concours du JLD, juge de la détention et de la liberté (sic) — soit de placer sous différents statuts, dont celui de mis-e en examen, et de là de vous placer sous contrôle judiciaire (pointage régulier chez les flics) ou en détention provisoire pendant toute ou partie de l’instruction (qui dure au minimum un an en moyenne). Votre avocat-e pourra régulièrement déposer des demandes de mise en liberté ou DML.